mercredi 17 février 2010

Mélancolie

Oui, mais stupide en même temps.

Il s'agit d'une amie. Une amie de longue date. Une personne à qui je peux dire beaucoup de choses. Tout, en fait, sauf quand ça la concerne.

C'est déjà merveilleux d'avoir comme ça quelqu'un à qui parler. Mais je le trouve cependant étrange, pas dans notre époque. ça ne serait pas grave (en fait je trouve ça plutôt sympa) si, ponctuellement, elle ne s'emportait pas contre les réactions des autres, qu'elle juge étrange, alors qu'en fait, c'est elle la personne différente...

D'où mon dilemme. Je l'aime beaucoup, et lui dire qu'elle est spéciale, qu'elle a des avis que je respecte, mais que tout le monde ne vit pas comme elle, même si son mode de vie n'est pas si extraordinaire, je ne veux pas le faire. En fait, je l'ai déjà fait, et nous tombons à chaque fois dans une longue discussion, sans acrimonie mais longue, et elle m'explique en fait qu'elle estime avoir raison. ça tourne au dialogue de sourd. Je lui dis : mais je ne dis pas que tu as tort, je dis que tu as des idées que la plupart des gens ne partagent pas. Elle enchaîne : mais pourquoi ? Ils devraient se rendre compte que, etc... Moi : oui, mais ça n'est pas le cas.

Et on tourne en rond. Du coup, pour ne plus avoir ce type de discussion, je ne lui fais plus remarquer ce que ses idées ont de "personnel".

Dernièrement, il s'est agi d'une remarque de quelqu'un sur la poésie. Elle était choquée qu'une relation à elle s'étonne qu'elle fasse lire de la poésie à son fils. J'ai eu le tort de soupirer que maintenant, on ne faisait plus de poésie, elle est partie en bataille en disant que c'était un otrt, et m'a démonté la personne en question. Je suis d'accord avec elle, mais discuter de cela m'ennuie.

Et c'est ce qui m'inquiète : elle est capable de passer des heures à déplorer qu'on ne s'intéresse plus à la poésie. Moi, je préfère lire un recueil de poème, et ensuite, aller faire une promenade. Même si je suis d'accord.

Concrètement, ça veut dire que j'ai de plus en plus envie de lui dire : ah non, tu ne vas pas recommencer ? Deux heures ( et je ne plaisante pas en disant deux heures) à l'écouter se plaindre qu'on ne lit plus de poésie, c'est pour moi deux heures pendant lesquelles j'aurais pu lire. Et je ne parviens plus d'un coeur léger à sacrifier ses deux heures à l'écouter.

Je me sens devenir un coeur sec par rapport à elle. Ses récriminations m'ennuient. Je voudrais qu'on le dise en deux mots, et qu'ensuite on parle de choses plus gaies. Mon amitié pour elle s'étiole. Or, c'était l'une des rares personnes à qui je peux tout dire...

Je me force donc à l'écouter, mais j'ai honte de mon hypocrisie.